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TÉMOIGNAGES

 

[…] Le matador doit entrer l’épée dans le taureau « court et droit » : c’est la formule consacrée.

Le graveur doit entrer le burin dans le cuivre « pur et sûr ». Les œuvres de Trémois, qu’elles soient peintures, dessins, monotypes ou gravures, étonnent l’écrivain habitué aux tripotages infinis ; nous autres, nous n’avons pas besoin de ce jet infaillible et irrévocable.

La pornographie, telle qu’elle est exploitée commercialement et industriellement de nos jours, rend vulgaire et assommante la chose la meilleure, la moins vulgaire et la plus vénérable du monde qui est l’acte érotique. Trémois nous rend cet acte dans sa pureté. Double pureté : celle du trait, celle de l’intention, comme lui, nette. […]

Henry de Montherlant (février 1971)

 

Comme tout le monde, j’admire chez Pierre-Yves Trémois la pureté et la décision du trait, le contraste entre la rigueur du graphisme et la liberté de l’imagination, l’extrême originalité d’un art qui domine la technique au point de la faire oublier et qui, scrupuleusement attaché au réel, rejoint souvent par le détour de l’insolite les hardiesses du surréalisme. […]

Jean Rostand (février 1971)

 

De Pierre-Yves Trémois, j’ai d’abord connu quelques dessins qui représentaient des insectes géants et cette inspiration animalière devait être entre nous un lien qui n’a fait que s’affermir par la suite.

Au cours des années, sa vision du monde vivant s’est constamment approfondie, et jusqu’à rejoindre les thèmes essentiels de la biologie : structure du germe, signification de la sexualité et du couple, passage du normal au monstrueux, parenté de l’homme et de la bête, éveil de la conscience, inquiétude sur l’avenir humain…Tout cela est évoqué dans son œuvre, à la fois classique et insolite – car la rigueur du trait accentue encore l’étrangeté des choses – et je dirais, si je ne craignais de le voir sourire, qu’elle a une résonance philosophique.

Grand inventeur de motifs et créateur d’aspects, figuratif mais sachant faire voir l’irréel, Trémois ne se contente pas d’orner le texte qu’il honore de sa collaboration : il le transmue, il l’agrandit en s’y ajoutant au point que chaque fois qu’il a illustré un des livres, il m’a donné l’envie d’en écrire un autre, qui, celui-là, fut plus fidèle à ses merveilleuses images et plus digne d’elles.

Trémois veut bien nous dire généreusement qu’il s’inspire de nos écrits. Ce serait à nous, maintenant, de nous inspirer de ses dessins.

Jean Rostand (octobre 1970)

 

Salut à Pierre-Yves Trémois qui transcende tout ce qu’il touche par un privilège qui n’appartient qu’à lui.

Salut à Pierre-Yves Trémois qui participera à la Renaissance qui se prépare, parce que la jeunesse de demain trouvera dans son œuvre de nouvelles raisons d’espérer.

Georges Mathieu (mars 1972)

 

Le singe signé Trémois ne cesse de me faire signe.

Nul autre artiste n’avait aussi immédiatement perçu, compris, révélé ce qui faisait notre insondable fraternité et notre non moins insondable étrangeté avec le singe. (Ce que précisément nous ont enseigné la nouvelle primatologie et la nouvelle préhistoire depuis 1959).

Au moment où l’homme – via les Gardner et Premack (1969-1971) – apprend enfin à converser avec le chimpanzé par signes (gestes ou images), Trémois par le génie de son signe, nous montre que tout en étant très-Soi, le singe est en même temps très-Nous.

Edgar Morin

 

[…] Pierre-Yves Trémois, né en 1921, l’un des plus grands graveurs et dessinateurs de notre époque, est bien un membre de cette société clandestine des « vingt ans en quarante ». On se tromperait sur son œuvre en n’admirant que sa prodigieuse habileté.

Trémois, en choisissant le dessin pur, choisit le risque maximum. Porté à ce degré de fidélité au sujet, le dessin n’échappe au mécanisme que dans la mesure où il est une signature de l’âme. Ce n’est pas ce que l’on regarde qui compte, c’est le lieu en soi-même d’où l’on regarde. Si ce lieu n’est pas un haut lieu, le dessin ne pardonne pas : il est sec au lieu d’être pur, habile au lieu d’être magique, séduisant au lieu d’être fascinant. Une ligne n’est rien ou bien elle est la ligne frontière entre deux ordres de réalités : celle à laquelle une âme assoupie consent, celle qu’une âme en éveil provoque à l’existence.

On se tromperait encore en parlant de facture classique : il faudrait plutôt parler de hiératisme et d’ascèse. Enfin il convient de n’être pas dupe de la lisibilité, de la clarté de tels dessins. Il faut se méfier des génies. C’est quand ils nous paraissent le plus clair qu’ils sont le plus mystérieux. […]

Louis Pauwels

 

[…] Trémois, dans son œuvre poétique imagine avec Frédéric Rossif, « que l’Homme pourrait n’être que le rêve fou d’un singe ! » et son burin grave un chimpanzé en train de concevoir le visage humain de profil et de face… De cette vision poétique sortira une merveilleuse collection d’« Hommes aux Singes » soulignant notre lien consubstantiel avec ces cousins, puisque ce lien est inscrit de façon indélébile dans nos gènes, dans chacune de nos cellules et dans nos similitudes embryologiques et comportementales si nombreuses.

Avec Trémois, l’Art rencontre et rejoint la Science en la magnifiant et en lui donnant une portée universelle…

Nous lui sommes profondément reconnaissants de nous avoir fait l’amitié de réaliser la couverture de ce livre que nous lui dédions, en puisant dans sa collection inédite des « Hommes aux Singes » et apportant ainsi à l’ouvrage la magie de son « dessin intelligent »…

Jean Chaline (2010)

 

Plus noble que l’esprit mort est la matière quand elle est vivante.

La peinture de Trémois est de la matière vivante. Vivante et cachée derrière les pièges ambigus de la réalité.

Tête de singe et visage d’homme, ou plutôt tête d’homme et visage de singe.

L’homme ne serait-il que le rêve fou d’un singe ? […]

Frédéric Rossif

 

[…] La passion du trait, un trait pour servir la passion : Trémois est au centre de la vie, de notre vie ; et s’il nous fascine, c’est parce qu’avec une désarmante simplicité, il possède ce singulier pouvoir de nous révéler à nous-mêmes, de mettre à jour nos plus secrètes pensées, de nous faire toucher du doigt nombre de nos fantasmes inavoués.

Yvan Brohard (catalogue de l’exposition « Traits de passion » Réfectoire des Cordeliers Paris 2013)

 

 […] L’art de Trémois est universel parce que perceptible par tous. Lapalissade qui lui donne ses lettres de noblesse au point que son classicisme apparent est d’abord vie sensuelle, vigueur pulsionnelle. L’éblouissant praticien qu’il est donne du corps humain une image éternelle, aux variations constantes. Son stylet est un scalpel, son trait est une morsure qui montre, écrit l’amour avec amour. Ce Condottière solitaire révèle la vie avec une exactitude troublante, une sobriété qui abstractise tout en dévoilant. […]

Lydia Harambourg (La Gazette Drouot, exposition Château de Chenonceau 2004)

 

[…] Trait pour trait, tel est l’enjeu de la passion des corps poussée jusqu’à son ambiguïté. Eros et Thanathos se font face. Dans sa justesse plastique, le dessin de Trémois renvoie à un classicisme sur lequel il ne faudrait pas se méprendre et là, sans doute, réside le trouble qui nous envahit. Incisif, mordant, indécent pour certains, le trait de Trémois nous place au cœur d’un réel dont l’ambivalence redouble le pouvoir de l’artiste. Puisque « l’Amour de Dieu est aussi Eros » (Benoît XVI), complémentaire, mais résolument charnel est le cycle Passions. Passion du Christ, et passion des hommes, amour et violence fusionnent afin que s’accomplissent les Ecritures et que le destin des hommes soit scellé. […]

[…] La précision clinique du tracé est indissociable d’une sensualité tendant l’une et l’autre à communiquer à chacun une émotion qui n’est jamais aux dépens de la pensée. C’est à ce plaisir que l’œuvre de Trémois nous convie. Son universalité le signe.

Lydia Harambourg (La Gazette Drouot et catalogue de l’exposition « Traits de passion » Réfectoire des Cordeliers Paris 2013 )

 

Le trait de Trémois est si personnel, qu’on pourrait le définir comme une « invention » dans notre siècle.

Claude Abeille (2012)

 

Chacun est familier du trait qui raye, qui biffe, qui supprime. Pierre-Yves Trémois privilégie quant à lui le trait qui crée, souffre, cri, aime, le trait d’une humanité qu’il s’emploie à débusquer dans les corps dont le trait fin et épuré souligne la nudité et l’authenticité sans fard. En quelques traits les corps émergent, s’affirment, se rejoignent, s’aiment furieusement, giclent de passions et expirent de plaisir. Quel étonnant contraste entre l’économie de moyens et la profusion d’impressions laissées, l’exaltation des sentiments évoqués. C’est que tout dans la manière conduit à l’essentiel, nulle place pour la fioriture et le contingent, si bien que l’esprit reconstitue dans sa rude splendeur la scène que le trait souligne sans que rien n’en vienne atténuer la force, n’en distrait l’émotion. […]

Axel Kahn (catalogue de l’exposition « Traits de passion » Réfectoire des Cordeliers Paris 2013)

 

[…] Trémois a tout saisi à l’œil et rendu à la main. Ici nul concept, nulle théorie, mais - l’expérience. Tout talent, toute âme s’instruisent dans la chair. Trémois a vu cet homme porter une lourde croix, il a observé l’effet du poids sur chaque muscle du modèle. Qui peut dessiner sans l’avoir vu, de ses yeux vu, ce pied écrasé, cette main agrippée, cette épaule meurtrie ? - sans avoir été témoin, sans avoir été saisi par cet ébranlement qui va de l’œil à la main et qui rend possible la vision profonde de la réalité mystérieuse et terrible - qu’il faut comprendre afin de ne pas en mourir. […]

Aude de Kerros (catalogue de l’exposition « Traits de passion » Réfectoire des Cordeliers Paris 2013 )

 

[…] Trémois n’aime pas les matériaux obscurs, pesants, le chaos pictural, les flous prétendument artistiques, les scories grevées d’anecdotes et de sentimentalisme indécent. Lui-même instrument de haute précision, il privilégie l’inspiration - dessin, aux lignes d’une simplicité sans égale, audacieuse, à la limite de la pauvreté, de l’invisible à force de mesure, mais toujours exacte et plus profonde qu’il n’y paraît. Juste milieu entre le trop difficile et le trop facile, cet art du trait n’est jamais réducteur de l’image de l’homme. Style grave, austère et mélodieux, méthode linéaire, « secca e cruda », comme l’appelle Vasary. Trémois est porté d’instinct à l’absolu de la ligne subtile, qualité qui ne provient pas seulement de l’acuité de son nerf optique et de la dextérité de sa main. […]

[…] L’art de Trémois est véridique, impitoyable de précision, définitif. S’il objective, c’est pour transcender. Il y faut du courage, il s’agit d’une ascèse. Cette simplicité, il nous faut l’accueillir comme la marque d’une exigence, loin des modes, et des prétentions criardes. C’est un art du silence et de la vérité. […]

Michel Lagrange (catalogue de l’exposition « Traits de passion » Réfectoire des Cordeliers Paris 2013)

 

« Pas de tremblé, encore moins de trémolo, pas de pitié, le trait de Trémois lacère. Pas de chair, pas de courbe caressée, juste le punctum du supplicié d'où gicle un sang noir, désaffecté.

Trémois maîtrise la violence de son trait. Net, vif et sublime, son dessin incarne une beauté sans fioritures. Ça ne déborde pas, ça ne dégouline pas, c'est juste le tracé sismographique d'une pulsation rythmée entre vie et mort, entre amour et perte ».

Thierry Delcourt (catalogue de l’exposition « Traits de passion » Réfectoire des Cordeliers Paris 2013)

 

 

 

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